Le pois d’hiver présente de nombreux atouts agronomiques, économiques et environnementaux dans les systèmes de culture diversifiés. Semé plus tardivement que les céréales et récolté plus précocement, il permet d’étaler les chantiers et d’envisager aussi l’implantation d’une culture intermédiaire ou encore d’une culture fourragère plus précocement. « Même du côté des interventions dans l’itinéraire, il ne concurrencera jamais une autre espèce et s’adapte bien au calendrier des agriculteurs », tient à rappeler Matthieu Floriot, sélectionneur protéagineux chez Agri Obtentions. Il permet, à l’instar des cultures de printemps, de diversifier l’assolement et donc de rompre les cycles des différents bioagresseurs. Autre intérêt agronomique, l’alternance des produits phytosanitaires à l’échelle de la rotation pour prévenir les problématiques de résistance.

Comme toutes les légumineuses, c’est son effet précédent qui doit être considéré, par les reliquats d’azote qu’il laisse à la culture suivante. 

On a pu, par le passé, reprocher au pois d’hiver d’être irrégulier en matière de rendement, « mais le progrès génétique est incontestable depuis une bonne décennie et va encore s’accentuer ces prochaines années ».


CONSEILS DE CULTURE 

La sélection variétale sur les pois d’hiver a permis de déplafonner les potentiels de rendement et de les stabiliser, notamment grâce au travail réalisé sur l’architecture aérienne de la plante et sur sa tolérance à l’hiver, à l’ascochytose et à la verse. Mais pour que ce potentiel s’exprime, il faut adapter ses pratiques agronomiques, notamment autour du semis et sa densité. La règle de base, c’est la profondeur de semis. Comme pour tous les protéagineux, la graine de pois est une grosse graine, qui a besoin d’eau pour germer et donc d’un très bon contact avec le sol. Il est recommandé de semer à 5 cm de profondeur et de réappuyer au moment du semis grâce à des roues plombeuses. Le semoir de précision avec un écartement de 15 à 25 cm est fortement recommandé, notamment à faible densité. C’est la garantie d’une levée homogène. Avec des semences à l’excellente faculté germinative, bien enterrée, l’enracinement sera idéal et les plantes seront bien plus tolérantes à l’hiver et aux stress hydriques.

Autre levier à préciser, la densité de semis. Les nouvelles variétés de pois d’hiver ont une forte vigueur végétative et la capacité de faire 4 à 5 ramifications (contre 2 pour les variétés de printemps). Par rapport aux pratiques actuelles, il faut donc baisser la densité de semis pour permettre une meilleure aération du couvert. Les traitements seront plus efficaces et on favorise ainsi la tolérance aux maladies. Si le couvert est trop dense, les plantes ont tendance à s’étioler et elles versent plus facilement. Ainsi, les densités de semis varient de 50 à 60 graines/m² en conditions très favorables (régions à hivers doux, pluviométrie non limitante et sols à limons profonds ou à très bonne structure) à 70 graines/m² pour le centre et le nord de la France et jusqu’à 90-100 graines/m² pour les sols superficiels ou plus compliqués.